La gageure était
la suivante: en un mois,c'est-à dire 8 ou 10 séances de travail,
il fallait monter un spectacle, qui serait représenté 5 fois,
avec les enfants d'une classe de moyens en maternelle (en début d'anné,
donc plutôt 4 ans).
En construisant les instruments de musique, les costumes, décors, le scénario.
Dans le cadre du festiva l des jeunes talent de Gonesse, qui, ces jours-là
portait bien son nom.
Chiche.
Il y eut quelques doutes mais le résultat fut, je crois, inoubliable.
Tout commence par des ateliers de modelage: découverte de la terre
pour ensuite créer
des plaques sonores qui servirent pour les canes à pêches musicales.
des flûtes longues (les becs et l'accordage faits par nous, c'est compréhensible)
des flûtes ocarinas.
Ensuite l'idée s'imposa d'assembler une série
de tableaux, basés sur
une couleur (les "monochromes"),dont le déroulement était
structuré
autour de mouvements, ou de jeux:
suivre une corde, faire une ligne de pécheur,
se mettre en rond sur des plots de couleurs ou des tapis et jouer. Il ne s'agissait
pas de "représenter", ce qui est hors de la pensée d'un enfant mais de faire,
de jouer.
Chaque tableau était un monochrome. Le décor changeait . Les enfants scratchaient
un dessin de la couleur sur leur t Shirt blanc.
La dernière représentation (il n'en existe pas de photos) fut dans une vraie
salle de spectacle avec un régisseurs et des lumières. Ce fut un rêve. Il
y eut un moment magique où chaque enfant improvisait sur son petit tapis et
nous emmenait dans son voyage.
Il y avait aussi 4 jeunes flûtistes de l'école de musique avec qui nous fimes
un mini stage de fabrication de flûtes.
Ils intervinrent pour trois moments en
solistes. Improvisation sur des canevas harmoniques ou mélodiques (modes) simples.
Dont des irruptions par les trous des cartons peints, comme des dialogues de
commères par les fenêtres.
Voici une galerie de photos.
A Babayaga, il nous semble important de faire vivre la dimension du spectacle: ce n'est pas tant l'amour du résultat que la volonté de faire expérimenter la magie du possible. C'est l'idée de Mendela : (Notre peur la plus profonde n'est pas que nous soyons pas à la hauteur. Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au delà de toute limite...).
Car il suffit souvent d'une étincelle pour que se mette en place une histoire, particulière et qu'ensuite la mise en place du spectacle nous mette face à nos richesses inventives et à l'infini possible du jeu créateur. Or c'est là précisément l'enjeu humain.
Tous les mythes humains nous parlent de la création du monde mais, commme nous le dit cette phrase qui légende une belle sculpture de maternité au muséee de Bamako, "la crétion est difficile". Et le plus difficile n'est pas l'acte mais son étincelle; Se mettre à l'ouvrage. C'était la question que Picasso, toujours, posait à ses amis peintres: " alors, le travaill, comment ça va?". Et c'était la morale de Matisse, au coeur de la guerre.
Nos petits spectacles à "quat' sous", ils parlent de cela. Et ils font vivre cela. L'homme invente, et s'invente à chaque moment. Il est bon de le savoir.
C'est peut-être l'enjeu même de l'art.
Et ce qui signe cela s'appelle la joie.
Donc, quelques traces d'un spectacle à l'issue d'un stage de création de flûtes, bricolé en une journée mais plein de trouvailles. Une histoire, des personnages, les flûtes-animaux acteurs et la scène inestimable du jardin de la MJC qui nous accueillait.